L'ÉTAGÈRE À IDÉES
est une matérialisation des idées.
Elle a été un point de départ pour
l'injection de la matière dans
la démarche du graphiste.
Elle a symbolisé l'appropriation matérielle de l'espace de travail.
CONSTRUIRE NOS OUTILS
propres à notre démarche
et à nos besoins. Construire l'outil
est un moyen d'apprivoiser
et de s'approprier la technique.
TISSAGES PETIT FORMAT
Les premières expérimentations
de tissages se sont construites
sur des cadres à tisser de formats
réduits. Elles ont permis de tester
les limites de la technique, et de
la manipuler à notre avantage.
Pourquoi nous attacher au format plein? Pourquoi ne pas tisser des formes directement dans l'espace?
TISSER DANS L'ESPACE
L'intérêt de "l'imprimante manuelle"
devient d'autant plus intéressant lorsqu'on s'attaque
à de plus grands formats, de plus grandes échelles. PAN est le premier
test de tissage implanté directement dans l'espace, sans cadre.
La temporalité exprimée par l'onomatopée PAN contraste avec la technique de réalisation.
Il fait apparaître la relation entre
une image et son environnement. Comment s'intègre t-elle dans l'espace?
Comment communique t-elle par rapport à celui-ci? Quel est l'impact sur le spectateur face à cette échelle?
Une telle expérimentation laisse voir la possibilité de jeu sur
la superposition des plans, les diffé-
rents niveaux de lecture et la com-
munication d'un message.
Nous avons pris conscience de
la place du corps et de son investis-
sement dans la manipulation
de la matière à une telle échelle.
moirage #1 on Vimeo.
SUPERPOSITION
La notion de profondeur est propre
à l'espace. Nous avons voulu investir cette profondeur en composant des images sur différents plans.
La superposition des chaines
crée des moirages qui donnent
une impression de vibration et
de mouvance à l'image. En faisant
le test de chaines colorées, nous avons observé des effets visuels:
la chaine évolue visuellement entre
la "trame", le moirage, et peut
devenir un aplat de couleur lorsque l'on se place à différents point
de vues. Il est intéressant d'explorer un peu plus loin ces effets
de superposition.
FORMES TISSÉES
Nos recherches nous amènent à créer
une bibliothèque de formes intuitives,
un vocabulaire graphique qui nous
ressemble. Celles-ci deviendront
nos outils pour composer notre image
dans l'espace, dans une certaine
profondeur. Ces formes naviguent
entre signes et lettres, dialoguent
entre elles tout en étant des entités
à part entière.
ET SOUDAIN
Que se passe t-il si nos formes deviennent des lettres?
Nous avons re-dessiné un alphabet de lettres/
signes. Nous les composons sur
plusieurs plans pour créer différents
niveaux de lectures possibles: d'un
certain point de vue, on peut lire
les mots, d'un autre on voit un pay-
sage de formes flottantes habitant l'espace.
Comme PAN, Et soudain rappelle
au champ sémantique de l'histoire, du conte.
C'est une expression qui dit une action brève et souvent inat-
tendue. En inscrivant ce message tissé à une grande échelle,
une interaction avec le spectateur est
recherchée. Les formes l'interpellent et l'appellent à s'arrêter.
Prendre
le temps de regarder, de chercher
à lire, à comprendre, à appréhender l'image et la matière.
Et soudain peut apparaitre lorsque l'on se place
au bon endroit… ou bien peut rester énigmatique.
ESPACE PUBLIC
Nous voulons aller plus loin dans
le rapport image/espace en nous
installant dans un espace public.
C'est un moyen de s'adresser au plus grand nombre et de rendre signifi-
ante l'expérience de la matière comme image.
L'image tissée dans l'espace public
s'adapte à son environnement,
elle s'accroche sur les façades
et le mobilier urbain et prends vie dans le paysage. Nous posons
la question de l'échelle urbaine
et de l'impact d'une image à cette échelle. La rue est un lieu de pas-
sage, et en s'inscrivant dans la rue,
nous "forçons" le passant à se conf-
ronter avec l'image, à s'arrêter,
ne serait-ce que pour la contourner. Nous voudrions lui faire prendre
conscience de la valeur du temps,
de la sensibilité de la création et de
la beauté du geste et du luxe que cela représente, et même si le mes-
sage n'est pas direct et forcément lisible, de la valeur du travail
du designer graphique.
L'installation "prototype" serait située
de façon éphémère rue Érasme, dans
le 5ème arrondissement
de la ville de Paris. Elle serait composée de plus-
ieurs plans, chaque plan serait une chaine tendue entre
deux éléments du mobilier urbain,
sur laquelle serait tissée une ou plusieurs formes. Différents scénarios de lecture seraient alors possibles,
au recto,
au verso, ou même au travers
ces chaînes.
Nous ne voulons pas concevoir cette installation comme une oeuvre finie, mais bien comme une projection
de notre propos, qui pourrait être pensé dans différents contextes.
Nous nous plaçons dans une certaine temporalité qui est proche de l'évèn-
ementiel. Nous exprimons le temps
long et minutieux de la technique
en tissant devant les yeux
des passants. La valeur et la qualité
de l'objet restent énigmatiques
en s'inscrivant eux dans un certain espace, dans une durée limitée.
Nous enlèverions l'installation quelques jours après le tissage terminé.
Nous avons projeté l'installation avec l'expression
"Et soudain" qui signifierait qu'il
se passe quelque chose à cet endroit.
La question du message et du sens du message s'est alors posée.
Les mots vont-ils prendre le dessus sur la visée de notre propos?
A t-on besoin de mots pour communiquer?
SIGNE
Nous sommes revenues aux formes que nous avions dessinées
et les avons repensées comme des signes. La place du signe dans l'espace public et son rapport au passant sont
des questions qui se sont alors posées.
Le signe est à la fois une forme définie et quelque part autoritaire, mais il appelle aussi à l'interprétation de sa forme.
L'échelle du signe par rapport à l'homme change son appré-
hension à celui-ci. Nous sommes habitués à voir des signes en petit dans la rue, aussi placer le signe
à une très grande échelle est
un moyen pour nous d'interpeller
le passant.
TRAME
L'intérêt et la beauté de la matière
se trouve dans son impression de loin comme de près.
Le grain de la matière est un élément que nous voulons rendre visible
car il est inhabituel de pouvoir en être aussi près dans un lieu public.
Les essais de différentes trames sont des recherches autour de la relation de distance
entre le passant et
la forme tissée. Comment donner
une image à lire visuellement
et "tactilement" de près comme de loin? Comment donner envie de parcourir
cette image? De prendre le temps
de la regarder pour la découvrir?
PROGETTAZIONE
Le signe final que nous avons dessinée est une forme "libre",
elle ne représente rien en particulier, et laisse tout imaginer.
Elle est composée de cinq formes/couleurs différentes qui peuvent
toutes exister de manière indépendantes dans leur lecture et interprétation.
Les diff-
érentes tailles et textures des formes composées sont une invitation à se
rapprocher,
à toucher, à explorer l'image au travers ses plans.
Nous espérons créer un échange
avec les passants pendant la période où nous tisserons nos formes sur place,
afin de provoquer le dialogue, ou même juste la rencontre.
L'installation pourrait être imaginée dans un autre lieu, contexte,
et avec d'autres matériaux, mais toujours dans la perspective d'interpeller
et de scénariser la lecture d'une image dans un espace public.
MAQUETTE DE PRINCIPE
Les maquettes de notre installation dans la rue rendent compte des effets recherchés..
DANS LA RUE
L’expérience dans la rue est proche de l’aventure. Tout notre système dépend de l’environnement et
du contexte de la rue : les surfaces d’accroche ne sont pas adaptées,
la météo fait des siennes,…
nous rencontrons plusieurs difficultés dans le mode technique d’installation.
Pour des raisons de sécurité,
nous devons installer et désinstaller le tissage, cela affecte la tension
et ajoute du temps au compteur.
Le contact avec les passants est
très positif, les gens sont curieux
et posent beaucoup de questions, ils sont pour la plupart très enthou-
siastes de voir la « performance »
se dérouler sous leurs yeux,
et beaucoup pensent revenir voir l’avancée et la finalité
des images tissées.
PROJET
Le "tissage" est au centre de notre projet.
À travers la technique, nous voulons rendre
visible le geste manuel ainsi que le processus
du faire : laisser voir le rôle de la main et
du temps, les considérer comme des outils
à part entière. C'est un parti pris quasi politique
qui tend à valoriser la place du graphiste
et sa qualité, et qui va à l'encontre de la com-
munication rapide et instantanée, laquelle occulte parfois son rôle.
Le tissage est ici re-visité, nous nous sommes
appropriées cette technique comme un outil
de création de formes, d'images, telle l'imprimante
qui crée une image pixel par pixel, ligne par ligne.
L'image est son propre support. On la reconsidère
comme un objet à part entière: elle a un recto,
un verso, mais aussi une profondeur.
À une certaine échelle, on peut tourner autour,
la traverser, la toucher, la comprendre,
la réinventer. La matière joue avec la lumière,
les couleurs, les moirages. L'image devient
une texture, une impression, on peut la toucher
et la sentir. Le support devient le message.
Notre projet est caractérisé par une série
de recherches qui rendent visible l'expression
de la matière, sa mise en forme et son intérêt
en design graphique. Il n'y a pas "d'objet" final.
Nous voulons exprimer un propos, un concept,
et l'affirmer en faisant voir ses possibilités
d'application, dans différents contextes,
au travers de nos expérimentations.
ici vous pouvez suivre les différentes étapes du projet